Niveau 2 / Climat : Problèmes, enjeux & perspectives
L'eau, l'air et les glaces absordent toujours plus de chaleur
Affinons maintenant un peu plus ce que nous venons de voir au Niveau 1.
Le climat est la matérialisation, le produit des interactions entre les grands systèmes que sont l’atmosphère, l’océan, la cryosphère (la banquise et la glace), la lithosphère continentale (les terres émergées et faiblement immergées) et la biosphère (les organismes vivants : animaux, végétaux, champignons, bactéries, …). Dit autrement, ces ensembles, au contact les uns des autres, s’influencent et modifient les caractéristiques physiques de la Terre. On décrit donc ces interactions grâce à des variables climatiques comme la température, l’humidité, la pression, etc.
Si vous avez suivi le Niveau 1 Climat, vous avez dû comprendre que le réchauffement climatique venait d’un effet de serre additionnel. En effet, les activités humaines utilisent des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) dont la combustion libère des gaz à effet de serre (le CO2 mais aussi le méthane et le protoxyde d’azote) dans l’atmosphère. L’ensemble de ces émissions de gaz à effet de serre (GES) est si important qu’il augmente substantiellement la capacité de l’atmosphère à stocker la chaleur qui nous vient du soleil.
Or, cette chaleur supplémentaire ne disparaît pas d’elle-même. La majorité – près de 90% – est stockée, absorbée par les océans, dont la température augmente donc. Les 10% restants sont responsables de la fonte des glaces et de la banquise, ainsi que de la hausse de la température de l’air. Concernant l’air plus précisément, qui n’emmagasine que 3% de cette chaleur, cette dernière a déjà réchauffé la Terre de plus de 1°C depuis 1850 (au début de l’ère industrielle, quand nous avons commencé à relever des températures sur la planète).
Pour comprendre pleinement ces mécanismes et retracer l’ensemble de la chaîne de causalité qui mène des activités humaines aux conséquences du réchauffement climatique, la Fresque du Climat est votre meilleur allié.
Gaz à effet de serre : la contrepartie de notre consommation d'énergie
Vous l’aurez également compris: la question énergétique est au cœur du réchauffement climatique. Ce sont nos émissions de GES, issues des activités humaines, qui sont responsables de ce dernier. Entre 1970 et 2017, le montant total des émissions mondiales de l’ensemble des GES a presque doublé.
Pour creuser la question énergétique, vous pouvez écouter l’interview de Jean-Marc Jancovici dans la série de podcast Présage, ou celle de Matthieu Auzanneau dans le podcast Vlang. Avenir Climatique propose également un MOOC complet sur le sujet.
Des conséquences variées, et qui vont s'intensifier
Les conséquences liées au réchauffement climatique sont déjà visibles: sécheresses (manque d’eau), canicules (augmentation de température), inondations (débordement des rivières), submersions (élévation du niveau de la mer), répétition des incendies, intensification des cyclones, baisse des rendements agricoles et famines, migration de maladies, déplacement de population, etc. Ça, c’est ce qu’il se passe actuellement avec un réchauffement de +1°C de la température moyenne à la surface de la Terre, par rapport à 1850. Ainsi, limiter la hausse des températures à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle – comme de nombreux pays s’y sont engagés via les accords de Paris – est plus que nécessaire pour freiner l’apparition ou l’intensification de ces processus.
Pour comprendre les impacts et les conséquences liées au réchauffement climatique, les rapports du GIEC sont des références immanquables. Alors certes, avec leurs centaines de pages, souvent en anglais, et dans un jargon scientifique, pas facile de s’y coller. Mais heureusement, d’autres personnes avant vous vous ont mâché ce travail, en rédigeant de très bons résumés des derniers rapports de cet organisme: y sont abordés les conséquences d’un réchauffement à +1,5°C et +2°C, l’état des océans et de la cryosphère, ainsi que l’état des terres émergées. Vous pouvez même vous attaquer directement aux résumés aux décideurs et aux communiqués de presse, rédigés par le GIEC lui-même, et constituant de très bons résumés également. Sinon, Valérie Masson-Delmotte, membre du GIEC, a condensé dans une courte présentation l’ensemble de ces éléments lors de la Conférence “Changements climatiques: à quoi s’attendre ?” à l’Université de Genève.
Et les solutions dans tout ça?
Voilà pour l’état des lieux. Mais maintenant, on fait quoi ? Quid des solutions ?
L’accord de Paris sur le climat a pour objectif de contenir le réchauffement climatique en-dessous des +2°C d’ici à 2100. Pour ce faire, les pays signataires doivent atteindre la “neutralité carbone” d’ici 2050. Selon le Haut Conseil pour le Climat, la neutralité carbone désigne “l’équilibre entre les « sources » de gaz à effet de serre (les émissions de nos activités humaines) et les « puits » gérés par les activités humaines (sols, forêts) absorbant les gaz à effet de serre de l’atmosphère, auxquels peuvent s’ajouter des moyens artificiels qui aujourd’hui sont encore à développer (plusieurs puits artificiels existent mais au stade expérimental ou à petite échelle seulement)”(source: Rapport 2010 – Grand public). Pour atteindre cette neutralité carbone, il faut diviser par 4, voire 6, les émissions de GES par rapport aux années 1990. Des actions doivent alors être entreprises à l’échelle globale et nationale, mais aussi à l’échelle individuelle.
Pour comprendre ces enjeux politiques et sociétaux, le rapport 2019 du Haut Conseil pour le Climat résume parfaitement les cadres de l’Accord de Paris et les défis auxquels doivent répondre gouvernements et citoyens. Il revient aussi avec précision sur des concepts majeurs comme la “neutralité carbone”, “l’empreinte carbone”, ou encore la “stratégie bas-carbone”.
Le think-tank The Shift Project, à travers son manifeste Decarbonize Europe, détaille quant à lui neuf propositions concrètes que l’Europe pourrait faire a minima pour respecter l’accord de Paris sur le climat.
A l’échelle individuelle, commencer par calculer son empreinte carbone peut être un très bon début, afin de savoir où agir pour réduire efficacement ses émissions de CO2. Ensuite, il existe plusieurs outils pour passer à l’action, comme par exemple Ca commence par moi, 90 jours ou encore la liste des écogestes de la Fondation Nicolas Hulot. On notera que ces dernières propositions ont souvent une orientation écologique “globale”, et non pas axée uniquement sur les enjeux climatiques, en ciblant également des questions de pollution ou de protection de la biodiversité par exemple.