Agriculture et climat : l'importance des modes de production

L’agriculture est infiniment plus complexe que n’importe quelle invention humaine. Cette complexité peut être illustrée par la variabilité des émissions de CO2 pour un même aliment final.
Par exemple, quand on parle des viandes, on les classe selon leurs émissions moyennes de CO2(eq).
Mais ces moyennes cachent de très TRÈS grandes variabilités : les émissions du bœuf varient de 1 à 10 (!!) selon le mode de production. Imaginez acheter une voiture sans savoir si elle consomme 5L ou 50L au 100 !
La variabilité de ces émissions (dont ~60% vient de la fermentation entérique, qui évacue du méthane via les rots) dépend notamment des paramètres suivants :
– la race de vache : à viande ou à lait (auquel cas une part des émissions est attribuée au lait en plus de la viande)
– la conduite du troupeau : durée de vie, reproduction, âge du vêlage, …
– les pratiques alimentaire : grains, fourrage, légumineuses, …
– la gestion des effluents
– etc
Rajoutons un niveau de complexité : les vaches qui profitent des prairies améliorent (dans certains cas) la séquestration du CO2 des sols. Autrement dit, elles compensent une partie de leurs propres émissions.
Combien ? 20 à 30% selon certaines sources – certains parlent de (beaucoup) plus. Mais cette compensation dépend elle-même de très nombreux facteurs et ne peut être reproduite partout.
Allons maintenant encore plus loin :
– les vaches valorisent de l’alimentation non-humaine (de l’herbe) vers des protéines comestibles. Parfois au profit de populations qui n’auraient pas accès à ces macro-nutriments autrement
– elles valorisent des prairies qui, dans près de la moitié des cas (à l’échelle de la planète) ne peuvent pas être converties en terrain agricoles (*)
Autrement dit : l’agriculture – et l’élevage – est un système extrêmement complexe. Et donc intéressant. Raison pour laquelle on aimerait faire une infographie complète dessus.
Sources :
Article Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers, Poore and Nemecek, paru dans Science en 2018
Pour aller plus loin :
L’article de Poore et Nemecek a également été repris dans une infographie de Our World In Data